Après avoir subi ces vingt dernières années une baisse
constante de sa diffusion et de son chiffre d’affaires, la filiale française de
Sélection du Reader’s digest a dû passer par le redressement judiciaire. Deux
ans et une profonde restructuration plus tard, elle reprend l’offensive pour
retrouver le chemin de la croissance.
Une situation
assainie
En un peu moins de vingt ans, Stéphane Calmeyn aura tout
connu à Sélection du Reader’s digest : le temps de l’opulence et des
diffusions élevées (plusieurs centaines de milliers d’exemplaires) quand il
n’était encore qu’un pigiste à la fin des années 1990, les fortes baisses de
diffusion lors de son passage à la rédaction en chef (à partir de 2007), la
crise aigüe du début des années 2010 qui s’est achevée par une procédure de
redressement judiciaire, puis une restructuration de l’entreprise comme
directeur général pour la France et le Benelux. « Aujourd’hui, je dirige
seulement le journal, explique-t-il, puisque l’activité de VPC (livres,
catalogues, vente à distance), rebaptisée Art gallery, est gérée par une autre
entité ».
Un contenu étoffé
Après une année 2015 marquée par une réorganisation des
activités et le lancement d’un nouveau site et de nouvelles applications, 2016
est placée sous le signe du redéploiement, notamment des contenus éditoriaux,
avec la mise en place, dans le numéro de février, de nouvelles rubriques et la
pérennisation du prix de la solidarité (remis le 29 janvier). « L’ADN de
la marque, construite depuis 1922 autour du souci de l’individu, du bien-être
et de la bienveillance, ne change pas, ni la façon de raconter des histoires
par du story-telling, tient-il à préciser, mais nous devons le faire de façon
moderne ». C’est dans ce cadre que s’inscrit le lancement, en juin prochain,
d’un hors-série sur « les mots d’enfants », « la page que les
lecteurs aiment le plus », ou celui du prix du Reader’s digest de
l’histoire vraie, en partenariat avec les 13 écoles de journalisme reconnues
par la profession.
Une relance de la
diffusion
Ce repositionnement éditorial a clairement pour but
d’enrayer la baisse de diffusion, tombée à 71 171 exemplaires sur la
période 2014-2015. « Pour y parvenir, nous allons diversifier les sources
de recrutement de lecteurs », nous explique Eric Lanoë, consultant pour le
marketing et la diffusion. D’abord sur la vente au numéro : depuis
septembre dernier, Stéphane Calmeyn a fait appel à A juste titres, société
spécialisée dans le réglage de la vente au numéro, « pour réinstaller le
titre dans l’imaginaire collectif », précise-t-il. Et ça marche, avec une
hausse des ventes de 10%. Pour les abonnements, au-delà du traditionnel grand
tirage-loterie qui a longtemps fait son succès, le Reader’s digest va
multiplier les tests de recrutement « pour voir ce qui marche le
mieux », dixit Eric Lanoë, dont la feuille de route est claire :
stabiliser la diffusion à 70 000 exemplaires dans les 18 mois, puis
remonter au-dessus des 100 000 exemplaires ensuite. Un sacré challenge !
Didier Falcand