Partout, ce 14 janvier au matin, les mêmes scènes : « Quand
j’ai ouvert mon kiosque à 7h, plus de 30 personnes étaient déjà là pour acheter
Charlie hebdo, nous raconte un kiosquier de la banlieue parisienne. Je n’avais
jamais vu ça. Je suis installé depuis quatre ans, j’ai vécu les
présidentielles, l’affaire DSK où je pensais déjà avoir atteint un record. Mais
on était loin de ce qu’il se passe aujourd’hui ».
Deux acheteurs
réguliers de Charlie hebdo
« Habituellement, je reçois deux ou trois Charlie hebdo.
Deux personnes viennent l’acheter fréquemment, mais il m’arrive de renvoyer les
trois, invendus ».
Privilégier les
habitués
« Dès mardi, des clients sont venus pour me rappeler de leur
mettre de côté un exemplaire de Charlie hebdo. J’ai même reçu des textos et des
appels de clients dans la soirée. J’ai pris des réservations mais je privilégie
aussi les clients qui viennent souvent et ont des paniers de 15 voire 25 euros
par semaine ».
90% de clients de
passage, pas toujours compréhensifs
« Je n’avais jamais vu 90% des personnes qui sont venues au
kiosque ce matin. Certains de ces clients de passage m’agacent. Certains m’ont
presque agressé parce que je n’avais plus de Charlie hebdo ou que je
privilégiais les réservations. Les gens ne veulent pas comprendre qu’on a reçu
beaucoup de demandes, qu’on ne peut pas répondre à tout le monde aujourd’hui,
mais que demain, ou après-demain, on pourra sûrement. Ces gens veulent leur
Charlie hebdo tout de suite, alors qu’ils ne l’ont jamais acheté avant ».
Une prise de
conscience rare
« En plus des clients habituels, je remarque que quelques
personnes, peut-être 5% des acheteurs, prennent conscience qu’il faut faire
vivre la presse et les kiosques. Pas seulement aujourd’hui, mais tout le temps
».
Des diffuseurs refusent
de vendre Charlie hebdo
« Depuis ce matin, mais pas seulement, j’entends toutes les
voix. Il y a ceux qui me disent de ne pas mettre Charlie hebdo en vente,
d’autres qui me disent de continuer… Je sais que certains collègues ne le
vendent pas, même aujourd’hui. Ils l’ont reçu mais disent qu’ils n’en ont plus
».
La presse
quotidienne dynamisée
« Depuis une semaine, les quotidiens en profitent. Pas tous
cependant. Ceux qu’on me demande le plus, c’est d’abord Libération (j’en vends
entre 16 et 30 par jour depuis une semaine, contre 4 ou 5 habituellement), le
Monde et l’Humanité. Je triple aussi les ventes sur le Parisien. J’en suis à
presque 60 exemplaires par jour depuis une semaine, contre une vingtaine en
temps normal ».
Jessica Ibelaïdene