L’événement
La vérification de l’information reste la priorité des Français vis-à-vis des médias
Comme chaque année, l’un des moments forts des Assises du journalisme (qui se déroulent cette semaine à Tours) est la publication du baromètre Viavoice sur l’utilité du journalisme. Pas de surprise majeure, cette 9ème édition est en ligne avec les résultats observés depuis plusieurs années, puisque le journalisme reste largement perçu comme un métier utile (à 86%). « Cette utilité réaffirmée année après année ne signifie néanmoins pas une adhésion aveugle au travail des journalistes », soulignent Adrien Broche et Margot Hoché, de Viavoice. La confiance dans leur travail varie fortement selon les thématiques abordées : si le sport et la culture restent des terrains de confiance préservés (autour de 80% de taux de confiance), la vie politique, l’économie et la question climatique recueillent d’importants taux de défiance (56%, 43% et 41%).
Les limites du fact-checking
A la question « qu’attendez-vous en priorité des journalistes et des médias ? », la vérification des informations fausses et la lutte contre la désinformation arrivent largement en tête (67% des Français), loin devant le besoin d’informations pratiques utiles au quotidien (46%), la révélation de faits ou de pratiques illégales ou choquantes (43%), des infos pour se faire un avis ou une opinion (32%), ou encore les faits de la vie quotidienne (24%). Plus surprenant, « le fact-checking, censément garantie d’une information fiable, est lui-même objet de débats, rappellent les auteurs de l’étude. S’il est perçu comme un rempart contre la désinformation par un tiers des Français, il est surtout considéré comme potentiellement attentatoire à la liberté d’expression en dépit de son utilité (36%), voire comme une menace directe envers elle (13%) ».
La presse écrite loin derrière la télévision
Interrogés sur l’information à laquelle ils font le plus confiance, les Français renouvellent leur confiance dans celle qu’ils trouvent dans les médias professionnels (74%), plutôt que celle relayée par leur entourage via les réseaux sociaux (12%). « Ce chiffre montre un besoin de fiabilité renforcé dans un univers où les fake news circulent abondamment », précise-t-on chez Viavoice. Parmi les canaux d’information utilisés pour s’informer par les Français, la télévision se situe largement devant (75%) les journaux en ligne et les sites d’actualité (58%), puis la radio (54%), la presse écrite (45%), les comptes de réseaux sociaux des médias (28%), enfin les informations partagées par ses proches ert ses amis sur les réseaux sociaux (23%).
Les faits divers ont la cote
Autre enseignement de l’étude, les Français sont très largement intéressés par les faits divers (la thématique des Assises cette année) : 69% d’entre eux reconnaissent leur intérêt pour le traitement médiatique, quand seulement 28% le sont moins. Mieux, ils déclarent très majoritairement s’informer de manière proactive sur les faits divers (à 71%), et un Français sur quatre s’informe même « régulièrement » sur ces sujets (26%). Logiquement, la part de Français estimant la place des faits divers comme étant « trop importante » dans le paysage médiatique se révèle tout à fait minoritaire (30%). « Plus frappant encore, la place à accorder aux faits divers en regard des autres thématiques est éloquente, notent Adrien Broche et Margot Hoché. Pour 60% des personnes interrogées, les médias et les journalistes ne doivent pas accorder aux faits divers une place moins importante que l’actualité politique, internationale ou économique ».
Arnaud Blanc